Chronique d'une liaison passagère

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Commentaires
15/09/2022 10:55:27

J'ai trouvé le film très plaisant mais je suis un peu déçu.


Tout m'a semblé très schématique. Pour une part je pense que c'est voulu puisque tout dans le film tend vers ce schématisme, du découpage de l'histoire à la mise en scène (limpide). Disons que ce qui m'a dérangé, c'est que cela cadre moins avec le parler plus naturel qu'habituellement chez le cinéaste. Le personnage de Kiberlain est trop lunaire, trop détaché du monde qui l'entoure, trop tout. Heureusement, le film complexifie ensuite un peu ses enjeux et est parvenu à me faire oublier les heurts du démarrage. J'ai beaucoup ri (Macaigne et ses histoires de cousines) et on retrouve le ton badin que j'aime tant dans ce cinéma. Puis vient l'outro complètement superflu qui ne fait qu'expliciter tout ce que la mise en scène montrait déjà clairement. Or c'est la première fois que je trouve du gras dans un film de Mouret. Son précédent, pourtant beaucoup plus long, m'avait épuisé par sa volonté ogresque de faire le tour de son sujet mais parvenait quand même à un équilibre entre ses différentes couches de récit. Ici, ça pend, c'est disgracieux, et c'est une faute de goût dans le cinéma si précieux du cinéaste


Au chapitre des nouveautés par contre, je trouve que le ton du film est assez "Allenien". J'ai beaucoup pensé pendant la première partie au souvenir que j'ai d'Annie Hall en particulier (d'ailleurs ça m'a donné envie de le revoir) et c'est la première fois que la comparaison me vient à l'esprit devant un film de Mouret.

Message édité
02/10/2022 07:36:19
Avis

Avec Chronique d'une liaison passagère, Mouret livre presque l'inverse de son film précédent (Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait) qui multipliait les histoires d'amours, les personnages, les sous-intrigues. Ici il est d'une sobriété totale. Deux personnages (trois en réalité), une seule histoire, celle de la liaison du titre et c'est tout. Et pourtant thématiquement il en reste très proche puisqu'il pose la même question, celle du choix : faut-il quitter sa femme pour sa maîtresse ?

Mais cette fois il l'aborde sous l'angle du temps qui passe, car cette liaison est, comme le définissent les personnages, passagère. Il est prévu qu'elle aura une fin, les deux personnages le savent, il ne savent juste pas quand est-ce-qu'elle adviendra. En attendant ils profitent.

Mouret ne montre donc que ça, ici pas de vie de couple, uniquement des amants qui profitent d'être ensemble le temps que ça dure (l'inverse donc de Scènes de la vie conjugale de Bergman qui n'est quasiment qu’engueulades et qui est cité dans le film). On suit donc une succession de rendez-vous qui se passent quasiment tous étonnamment bien alors que Simon, joué par MacCaigne qui fait du MacCaigne, est un boulet comme c'est pas possible. Ce qui rend le film extrêmement gênant, mais aussi vraiment drôle à regarder. Enfin je dis regarder, mais j'ai passé la moitié du film à me cacher le visage pour ne pas être témoin de la maladresse du type, maladresse dont je ne pense pas être exempt.

Mais là où Mouret est fort c'est qu'il arrive, par la mise en scène, à nous montrer les fissures derrière les discours hédonistes des deux amants. On voit bien, notamment à travers un travelling avant absolument merveilleux sur le visage de Sandrine Kiberlain que quelque chose la trouble... qu'elle n'est pas aussi sereine qu'elle le prétend. Serait-ce de l'amour ? Et la puis la conversation reprend, comme si de rien n'était, mais nous spectateur, on a senti que quelque chose vient de se produire.

C'est ce qui donne à toute la fin du film un aspect tragique, ce qui devait n'être que joie s'est transformé en profonde mélancolie. Le film arrive à toucher juste, à comprendre ce que c'est que d'être amoureux et que de sentir d'avoir laissé passer sa chance, d'avoir été trop lent. Tout ça en devient juste touchant. MacCaigne est pathétique, il le sait, il le dit, mais il n'y peut rien, car quand on est amoureux, on l'est forcément un peu.

Parfois c'est peut-être mieux quand l'amour dure vraiment que le temps d'une chanson et ne tourmente pas avec des regrets l'amant éconduit pendant des années.

Bref, je dois dire que depuis Mouret n'a jamais été aussi bon que depuis qu'il confère à son cinéma un aspect plus dramatique.
11/10/2022 19:47:47

Bon, sans surprise, j'ai passé un super moment devant le dernier Mouret. Comme à chaque fois. Il est une fois de plus très drôle et glisse lentement vers une mélancolie et une tristesse du temps qui passe et des êtres chères que l'on perd. C'est brillant tout du long. Hélas, j'ai une grosse réserve sur le final qui me paraît assez raté et redondant, expliquant tout ce que sa mise en scène avait déjà capté brillamment. Un petit raté étonnant de la part d'un auteur qui m'a habitué au timing de générique de fin parfait.