Dans le thème de la vengeance, difficile de faire mieux que des oeuvres comme Moby Dick ou d'autres comme Monte Cristo. Moby Dick par Huston avec Gregory Peck, c'est quand même la garantie d'un film puissant, un truc qui vient des entrailles. Et ça ne déroge pas à nos attentes, évidemment. Si je redoutais un Peck en plein cabotinage avec sa voix bien grave, tout surjeu est éclipsé par l'écriture du personnage qui assume complètement dépasser tous les points de non-retour pour proposer cet Achab jusqu'au-boutiste, terrible.
Et tout l'univers du film est terrible, c'est jouissif. Tout est condamné à la colère de Dieu, jusqu'à ce réquisitoire dément dans l'église par Orson Welles.
Le seul point du film où le bât blesse, c'est la narration en elle-même. Si je ne suis pas du tout gêné par le choix de faire une adaptation fidèle, le traitement de cette adaptation est légèrement lourd et cause au film un certain "cul entre deux chaises", entre cette narration classique et à côté cette modernité assez violente. Cela s'exprime à travers le narrateur, personnage quasiment inexistant au fur et à mesure de l'avancement du récit, qui va même jusqu'à disparaitre lors de plusieurs séquences. C'est d'autant plus dommage quand tous les autres personnages sont intéressantes.
Mais ça n'enlève rien à la puissance du film, et à cette fin, brrrr, quelle fin !
