Y'a quelque chose de fascinant dans les films de De Sica de cette période, c'est à quel point les enfants sont dans le vrai. Que ce soit dans celui-là, dans Le voleur de bicyclettes ou encore dans Sciuscia les gamins sont incroyablement bouleversants parce qu'on y croit totalement.
J'ai vu une interview de Luciano De Ambrosis (celui qui joue l'enfant dans ce film), apparemment sur le tournage il en fallait très peu pour déclencher ses larmes, sa mère venait juste de décéder... Du coup contrairement à Enzo Staiola (Le voleur de bicyclette), De Sica n'a pas eu à trouver un prétexte pour l'engueuler afin qu'il se mette à pleurer, ce qui explique que le petit soit aussi convaincant à l'écran.
Le film a été tourné durant l'été 42 (donc avant Ossessione ) et même si ce n'est pas véritablement un film néoréaliste ça fait un peu la transition. Fini les sujets légers, on aborde l'adultère alors qu'on est en pleine Italie mussolinienne qui ne manque pas une occasion pour glorifier la figure de la mère au sein de la famille... c'est sûrement ce qui explique le fait que le film n'est sorti qu'en 44. D'ailleurs De Sica a tourné une autre fin car il craignait la censure avec un ton final aussi dur. Heureusement qu'il a pu sortir cette version là parce qu'un happy end aurait vraiment tout gâché.
Eh ben c'est pas très joyeux tout ça. Vraiment bouleversant alors que ce n'est pourtant qu'un drame ordinaire comme il y en a déjà eu et comme qu'il y en aura toujours. Mais étant assez centré sur l'enfant et son point du vue encore innocent ça sublime toute la dureté et l'incompréhension de l'histoire qui se passe devant lui.
Et puis la fin Le garçon qui est finalement devenu adulte, et être adulte c'est juger impitoyablement les gens. Et dans ce cas là c'est sa mère qu'il juge en quelques secondes : chienne je t'adresse même pas la parole
J'avais adoré, un des meilleurs De Sica (derrière le jardin des Fin-Contini, bien évidemment