📢Dimitri si tu as l'occasion, ça ne vaut pas le ravissement, loin de là, mais une belle performance d'Hafsia Herzi tout de même
Je note !
(merci Dirty de me faire passer pour un fanboy d'Hafsia)
J'y suis pour rien, t'as fait ça très bien tout seul.
C'est marrant parce que le film semble tellement fasciné par hafsia herzi, à juste titre, qu'il donne finalement très peu de place à un hors champ du centre pénitencier, ses collégues, les détenues c'est finalement à la marge.C'est ce qui fait la beauté du film mais aussi le plombe un peu, à trop individualiser ce personnage on se perd dans une intrigue policière/mafieuse déjà vu et qui est la partie la moins intéressante du film
Le film a pour lui de parvenir à installer une ambiance plutôt inédite de drôlerie inquiétante, ambiance apportée d'une part par son montage (une enquête de police ronflante vs un "drame" social peut-être plus convenu, quoique...) et d'autre part via son rythme particulier, insulaire (ici, c'est pas la métropole, ce qu'on avait compris). Par ailleurs, le casting me semble être l'autre point fort de Borgo : casting semi-amateurs lorsqu'on parle des détenus corses par exemple, mais aussi casting de pro ; et donc Hafsia Herzi, dont le personnage restera tout au long du film aussi opaque que pouvait être celui qu'elle campait dans "Le Ravissement". Comme d'habitude, elle magnétise absolument tout lorsqu'elle est là (et elle est à peu près de toutes les scènes), du récit à la caméra. C'est un parti-pris assez franc d'ailleurs , puisque en la suivant, le film se refuse à être un type de film en particulier. Ni film documentaire sur la prison corse, ni drame de cité, ni film de reconstruction, ni thriller haletant.
Il faudrait enfin relever quelques petits bémols quand même, la fiction osant visiblement moins que la réalité, puisqu'on peine a toujours bien comprendre les choix que fait le personnage. A plusieurs moments on a l'impression que Herzi pourrait se retirer du jeu, et pourtant elle y va. Et lorsqu'on ne comprend pas, mais qu'on comprend bien l'intérêt du cinéaste pour le piège à loup qu'il met en place en montant ces deux histoires en parallèle, il y a un moment inévitable d'ennui qui se traduit peut-être par 15 minutes de trop, que j'ai ressenti lourdement sur la fin. Heureusement, Demoustier aime tellement son personnage qu'il lui offre un épilogue en forme de fuite qui contient son lot de regrets et d'espoirs nouveaux.
Le film a pour lui l'originalité de sa plongée très immersive dans une prison située en Corse. Territoire français toujours en décalage avec la métropole. Et c'est en suivant Hafsia Herzi en matonne du continent que l'on va découvrir progressivement ce monde à part où tout le monde semble se connaître, d'autant plus chez les mafieux.
Et c'est là le principal intérêt du film, très ancré dans le réel et dans les problématiques du quotidien. Les prisonniers se révèleront tantôt chaleureux et amicaux, et parfois agressifs ou menaçants. Une belle nuance dans l'écriture de Stéphane Demoustier appréciable.
En miroir sur une tout autre temporalité, il y a l'enquête qui patine sur un assassinant en plein jour. Le réalisateur souhaitait certainement rappeler la violence régnant parfois sur l'île de beauté et distiller du suspense pour rendre son film plus efficace. Je comprends l'approche, mais l'enquête demeure poussive et n'apporte finalement que très peu au récit. J'aurais bien pris 15 minutes supplémentaires dans le centre pénitentiaire mais le réalisateur n'avait peut-être pas les éléments suffisamment solides / intéressants pour poursuivre sur cette voie.
Et le final laisse un goût amer car comme souvent au cinéma, la réalité, en l'occurence l'affaire dont est inspirée le film, est bien plus triste que ce que l'on nous réserve sur l'écran.
Néanmoins, ne serait-ce que pour l'originalité de son cadre et l'écriture de ses personnages (même secondaires) je recommande l'expérience corse au mitard. Curieux de rattraper sa "Fille au Bracelet" qui avait fait du bruit à sa sortie.