Je suis toujours là

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Commentaires
01/03/2025 15:28:17
Avis

Je suis toujours là a pour principale qualité une certaine inclination à la sobriété appliquée à un sujet au fort potentiel mélodramatique. Ce choix est pourtant ce qui constitue paradoxalement sa principale limite, tant ce traitement ne transcende jamais un scénario cousu de fil blanc donc chaque péripétie est d'une prévisibilité notoire.

Le film souffre en réalité de s'inscrire dans une tendance "devoir de mémoire" devenue trop programmatique au cinéma, notamment en Amérique du Sud où pléthore de productions du même genre ont jeté un regard rétrospectif sur les dictatures ayant gangrené leur pays d'origine.

Les scripts sont toujours peu ou prou les mêmes et tendent forcément, dans une optique édifiante, vers une forme d'académisme à même de rallier les consciences du plus grand nombre. Si ces rappels à l'ordre sont bien entendu nécessaires, rien n'empêche de les marier à de réelles propositions de forme cinématographique.

Des exemples comme les documentaires poétiques de Patricio Guzman (Le bouton de nacre), l'animation expérimentale de Joaquin Cocina et Cristobal Leon (La casa lobo) ou de purs films de genre tels que Bacurau (Kleber Mendoça Filho) ou Dans ses yeux (Juan José Campanella) prouvent qu'il est possible de concilier visées didactiques et esthétiques.

Je suis toujours là ne démérite en rien et remplit son cahier des charges, majoritairement grâce à un casting impliqué qui rend crédibles les interactions des membres de cette famille soudée envers et contre tout dans les terribles épreuves qu'elle traverse.

Mais Walter Salles ne peut jamais totalement dissiper cette irrémédiable sensation de déjà vu, débouchant le plus souvent - la durée excessive, accentuée par des ellipses interminables sur la fin, n'aidant pas - sur un ennui poli.
02/03/2025 18:50:16
Avis

Le film rentre dans la case de tous ces drames historiques traitant de manière assez frontale des conditions de vie sous un régime fasciste. J’apprécie cependant le traitement qu’en fait Walter Salles, dont je n’avais rien vu auparavant, optant notamment pour un traitement relativement sobre et qui évite toute dramatisation à outrance, le film commence assez “normalement” et ne bascule dans la noirceur de son sujet que progressivement. On voit pas mal de scènes du quotidien qui permettent de s’attacher à cette famille, de déceler les dynamiques et le film parvient assez naturellement à créer de beaux moments de tendresse, parfois sans dialogue.

La disparition du mari en elle-même est assez anti-spectaculaire et les scènes qui s’ensuivent (la prise d’otage de la famille, la prison) parviennent à être assez glaçantes justement parce qu’elles restent “réalistes”, les hommes du gouvernement ne sont pas forcément des connards sans coeur… tout ça a suffit à créer un minimum d’implication émotionnelle quant au déroulement de l’histoire. Je pense que Salles est un bon réal qui s’efface complètement derrière son sujet mais sait toujours où placer sa caméra pour mieux valoriser l’action, l’émotion. Il y a derrière l’absence apparente de style quelques très belles images et une belle utilisation tant du soleil que de l’ombre qui s’immisce progressivement dans le cadre. Salles sait également mettre en valeur son casting, notamment Fernanda Torres qui est assez impeccable et livre tout sauf une prestation à Oscar basique, mais même les interprètes du père et des enfants font plus que bien le taf.

Malheureusement, le film a progressivement perdu mon adhésion puisque passé son basculement dramatique, il a beaucoup à développer quelque chose d’unique et de thématiquement fort. On reste comme je le disais sur les rails d’un film “à sujet” dont l’intention se suffit à elle-même. Il y a pas mal de potentiel sous-exploité, notamment concernant la relation intra-familiale, ce que la mère met en place pour protéger sa famille (et paradoxalement lui mentir, reproduisant malgré elle les mécanismes de contrôle du gouvernement qu’elle combat) et comment chaque enfant y réagit à sa manière. Le constat de potentiel avorté culmine dans un épilogue poussif et qui ne sait jamais quand finir, cumulant à lui seul tous les clichés d’une conclusion de film à “histoire vraie”.