Le déguisement d'Halloween en couple du tableau American Gothic ça m'a bien fait rire !
Papy Clint a encore un sacré niveau. Alors oui le classicisme de la réalisation (même s'il n'était pas nécessaire d'en faire plus), quelques facilités legères (une recherche Google notamment) et un clin d'oeil pas très subtil à 12 angry men (que j'adore) m'empeche de voir ce film comme un chef d'oeuvre.
Mais on est sur un film de procès rondement mené et intéressant. Toni Colette et Nicholas Hoult portent superbement le film et faut avouer que je me suis posé la question suivante tout le long. Et moi je ferai quoi ? Vraiment un très solide film.
Bien content que le père Clint soit retourné derrière la caméra pour nous offrir un nouveau film ultra maîtrisé et complet sur la justice américaine après le décevant Cry Macho. Une réussite davantage à l'image de la carrière de son auteur. Mais est-ce réellement le dernier ?
Sacré Clint Eastwood. Juré n°2 lui permet de s'approprier un scénario qu'il n'a pas écrit et de le sublimer par un classicisme de vieux maître. La caméra, discrète, pudique, toujours judicieusement placée, n'a jamais autant mis en valeur une galerie de tronches plus ou moins connues pour lesquelles le cinéaste éprouve visiblement une grande tendresse.
C'est le pari d'Eastwood que de sonder les âmes et les cœurs de chacun, là où justement le cœur a ses raisons que la raison ignore. Il fait preuve d'une science du récit renversante de précision et d'exhaustivité, s'ingéniant à explorer l'infinie multiplicité des facteurs humains qui peuvent parasiter la "bonne conduite" d'une enquête (il y en a-t-il seulement une ?) et du procès qui l'accompagne.
La foultitude de notations diverses - le manque de temps des médecins légistes pour faire leur travail, les jurés mères au foyer qui doivent impérativement rentrer s'occuper de leurs enfants, les aspirations politiciennes d'une procureure ainsi biaisée, la fiabilité de personnes âgées en tant que témoins oculaires des évènements où encore la disqualification de certaines personnes sur base de leur "passé trouble" - tissent une toile descriptive chorale d'une ampleur quasi romanesque.
Elle permet à Eastwood d'asséner son propos sans appel sur la Justice, qui comme la notion de Vérité se retrouve floutée par un amas chaotique de perceptions subjectives, avec la rigueur d'un théorème mathématique néanmoins vibrant. Le dernier chef-d'œuvre du grand Clint. Ou pas ?