Juré n°2

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Commentaires
07/11/2024 16:01:45
Avis

Sacré Clint Eastwood. Juré n°2 lui permet de s'approprier un scénario qu'il n'a pas écrit et de le sublimer par un classicisme de vieux maître. La caméra, discrète, pudique, toujours judicieusement placée, n'a jamais autant mis en valeur une galerie de tronches plus ou moins connues pour lesquelles le cinéaste éprouve visiblement une grande tendresse.

C'est le pari d'Eastwood que de sonder les âmes et les cœurs de chacun, là où justement le cœur a ses raisons que la raison ignore. Il fait preuve d'une science du récit renversante de précision et d'exhaustivité, s'ingéniant à explorer l'infinie multiplicité des facteurs humains qui peuvent parasiter la "bonne conduite" d'une enquête (il y en a-t-il seulement une ?) et du procès qui l'accompagne.

La foultitude de notations diverses - le manque de temps des médecins légistes pour faire leur travail, les jurés mères au foyer qui doivent impérativement rentrer s'occuper de leurs enfants, les aspirations politiciennes d'une procureure ainsi biaisée, la fiabilité de personnes âgées en tant que témoins oculaires des évènements où encore la disqualification de certaines personnes sur base de leur "passé trouble" - tissent une toile descriptive chorale d'une ampleur quasi romanesque.

Elle permet à Eastwood d'asséner son propos sans appel sur la Justice, qui comme la notion de Vérité se retrouve floutée par un amas chaotique de perceptions subjectives, avec la rigueur d'un théorème mathématique néanmoins vibrant. Le dernier chef-d'œuvre du grand Clint. Ou pas ?
07/11/2024 16:42:31

Le déguisement d'Halloween en couple du tableau American Gothic ça m'a bien fait rire !

10/12/2024 11:21:34

Papy Clint a encore un sacré niveau. Alors oui le classicisme de la réalisation (même s'il n'était pas nécessaire d'en faire plus), quelques facilités legères (une recherche Google notamment) et un clin d'oeil pas très subtil à 12 angry men (que j'adore)  m'empeche de voir ce film comme un chef d'oeuvre. 


Mais on est sur un film de procès rondement mené et intéressant. Toni Colette et Nicholas Hoult portent superbement le film et faut avouer que je me suis posé la question suivante tout le long. Et moi je ferai quoi ? Vraiment un très solide film.

11/12/2024 18:26:43

Bien content que le père Clint soit retourné derrière la caméra pour nous offrir un nouveau film ultra maîtrisé et complet sur la justice américaine après le décevant Cry Macho. Une réussite davantage à l'image de la carrière de son auteur. Mais est-ce réellement le dernier ?

16/12/2024 10:17:59
Avis

Si Clint tire sa révérence avec ce film, ç’aura été avec l’un de ses plus beaux.

Juré n°2 exploite la passionnante et infinie question de la justice en se présentant comme un miroir déformant de 12 Hommes en colère en pervertissant le rôle vertueux tenu par Henry Fonda puisqu’ici le défendeur de l’innocence est avant tout motivé par l’égoïsme. Le point de départ du film tient du génie et permet au cinéaste de colorer de manière unique toutes les interrogations soulignées par le film et son analyse méthodique de tout le système judiciaire américain.

A la manière d’Anatomie d’une chute, on en vient à s’interroger sur la fonction première de la justice et sur la place qu’y tient la vérité - la “vraie” justice est-elle celle qui rétablit ce qui est vrai ou qui bénéficie le mieux à la société ? J’aime beaucoup l’approche très critique que prend le cinéaste vis-à-vis de son sujet, jamais dans une idéalisation mais jamais dans une condamnation unilatérale non plus (“c’est un système imparfait mais c’est le meilleur qu’on ait”). J’aime aussi beaucoup le miroir que renvoie le film au spectateur, difficile de ne pas sortir de la salle sans se dire “et moi, qu’est-ce que j’aurais fait à sa place ?”.

L’approche du cinéaste, toujours en sobriété et en sensibilité, lui permet de constamment taper juste. Le film n’est jamais trop théorique et se vit avant tout comme un drame humain qui fait naître une empathie toute naturelle pour ses personnages et notamment celui de Nicholas Hoult, bouleversant dans sa friabilité. C’est difficile de mettre le doigt sur ce qui fait le génie d’Eastwood tant sa réalisation se caractérise par l’effacement à quelques exceptions près (ce splendide mouvement de caméra final). Mais le fait est que ça fonctionne à merveille et que j’ai été aussi pris par cet histoire et l’attente de son dénouement que touché par le destin de ces personnages.