Mos3n je me suis procuré La Fin d'une Douce Nuit; Evasion du Japon, Femmes en Miroir et Adieu, Clarté d'Eté de Yoshida.
Aurais-tu une suggestion d'ordre pour les visionner?
Et est-ce que Adieu, Clarté d'Eté fait partie de sa période de l'anti-mélodrame comme tu me lavais défini sur la fiche d'Eros Massacre?
Wahh...et bien merci Gantz_Graf . Il faut avouer que le tiens est fascinant également, tous ses films muets ("genre" dans lequel je suis totalement inculte), ça m'impressione et donne envie ! C'est là toute la beauté de CL d'ailleurs, la pluralité des goûts de chacun, et la découverte réciproque de ceux-ci entre les membres.
?belenos
Alors le tout c'est de savoir comment tu veux t'emparer de l??uvre de Yoshida. J'ai effectué une recherche en "caméléon" et je crois que pour l'instant tu n'as vu qu'Eros Massacre, c'est exact ?
À ce moment-là, je te conseillerais d'enchainer en restant un peu dans la même veine qu'Eros, avec Adieu, Clarté d'été que Yoshida réalise juste l'année précédente.
C'est un film assez atypique tu verras, sorte de road-movie d'un couple à travers toute l'Europe à la recherche d'une image-mentale/traumatique. Pour l'anecdote sur ce film, c'est grâce à un "partenariat" avec la compagnie aérienne Japan Airlines, que Yoshida et sa petite équipe de tournage ont pu sillonner l'Europe à leur guise durant toute l'année 1968.
Comme histoire d'un couple/d'un homme et une femme qui se cherchent, littéralement, ce film vient effectivement clôturer sa période de l'anti-mélodrame et en même temps, on sent que Yoshida est déjà parti sur autre chose.
On y perçoit déjà en filigrane toute la réflexion sur le rapport subjectif aux événements historiques, et comment cela confère une multiplicité à l'Histoire avec un grand H. C'est cette réflexion autour de la mémoire, qui est initiée avec Adieu clarté qui sera ensuite développée plus profondément avec Eros et Purgatoire Eroïca en y intégrant de surcroit tous les enjeux politiques, absent du film précédent (je te renvoie d'ailleurs à ce texte des Cahiers, qui s?interroge sur l'influence avérée ou non des événements de 1968 sur les idées de Yoshida).
Quoi qu'il en soit, cette pluralité des visions chère à Yoshida, elle se retrouve directement dans la forme du film lui-même, comme souvent chez le réalisateur. Ça donne une ?uvre éclatée tant géographiquement entre le France, l'Italie etc., que dans sa narration/ses constructions de plans.
Et du coup, tu peux faire un saut dans le temps et passer de 1968 à 2002 pour Femmes en Miroir. Les deux films ont en commun de transcrire à leur façon, le traumatisme de la guerre et du bombardement vécu par Yoshida lors de ses jeunes années (je te revoie ici à ce très bon article des Cahiers sur ce Femmes en Miroir).
Pour les deux autres films, ils datent de la jeune période de Yoshida lorsqu'il appartenait encore au studio Shochiku. J'avoue ne pas encore avoir vu La Fin d'une douce nuit, par contre Évasion du Japon si, et il est très intéressant car fait ?uvre de rupture dans la carrière de Yoshida, c'est son ultime film réalisé au sein de la Shochiku.
En 1964, c'est l'année des JO au Japon, et les dirigeants demandent à Yoshida de faire un film qui prend pour cadre cet événement. Le réalisateur détourne la commande et créer ce qu'il appelle un "anti-film d'action", dont la violence faite au corps vide l'humain de sa substance à l'image de ce que les JO et la haute croissance font avec le Japon.
La dernière bobine du film montrait notamment le personnage principal devenir fou...mais elle est retirée par le studio lors de sa diffusion en salle sans même prévenir Yoshida.
C'est cet acte de censure qui pousse alors Yoshida et sa femme Mariko Okada de quitter le système des studios et à prendre leur indépendance en fondant leur propre société de production, la Gendai Eigasha...
Si jamais tu veux en savoir un peu plus, tout cela entre autres choses, est développé plus en détails ici, dans mon mémoire de Master.
Merci bien pour cette réponse plus complète que je ne l'espérais!
En effet je n'ai vu que Eros Massacre que j'ai adoré. Mais je cherchais cependant un peu plus de matière avant de continuer le visionnage de ses films. Cela afin de ne pas me perdre dans une oeuvre qui, d'après ce que j'en ai vu, me fascine autant qu'elle m'intimide vu sa complexité et sa profondeur.
Je savais qu'en te posant la question je frappais à la bonne porte.
Je vais donc suivre tes recommandations et commencer par Adieu, clarté d'été puis les autres d'en l'ordre que tu as cité. J'en connaîtrai déjà bien plus une fois ces quatre là visionnés!